« Final Fantasy est une série qui divise les avis, surtout ces dernières années ». Une phrase d’accroche que vous avez sans doute lue des dizaines de fois. Et à chaque épisode, c’est la même rengaine. La faute à une série qui essaie d’évoluer avec son temps, et n’hésite pas à perturber ses joueurs, ses fans, en proposant une approche souvent originale par rapport aux précédents épisodes, ainsi que des mécanismes de jeu inédits. Quel que soit le numéro, j’ai toujours apprécié, voire adoré les Final Fantasy. Si mes deux intouchables restent Final Fantasy VI et VIII, aucun autre ne m’a jamais déplu. Du premier au treizième (je n’ai pas touché aux MMORPG), chacun a su m’apporter un certain intérêt, avec son style et ses défauts. Et bien il se trouve que Final Fantasy XV est le premier opus que je trouve véritablement mauvais. En voici les raisons.
Tout d’abord, Final Fantasy XV joue dans la cour des jeux modernes à monde ouvert. En soit, ce n’est pas un défaut, puisque The Witcher III ou plus récemment Zelda Breath to the Wild arrivent parfaitement à se démarquer de la masse des jeux du genre. Malheureusement, Final Fantasy XV se casse un peu les dents sur le sujet du monde ouvert, notamment à cause d’une ergonomie absolument immonde, et indigne du XXIe siècle. On peut par exemple souligner les temps de chargement scandaleux. Il faut prévoir de lancer sa partie à l’avance, puis aller se faire un café (ou un thé, faites comme vous voulez) le temps de charger sa partie. Bon, on peut accepter que le monde soit vaste et long à charger. Le problème survient lorsqu’on se « téléporte » à un autre endroit de la carte, ce qui déclenche à nouveau cet imbitable écran de chargement. Et comme on ne va pas non plus se faire un café (ou un thé) à chaque fois que l’on se déplace, ce phénomène devient vite agaçant. D’autant plus que les quêtes, inintéressantes pour la plupart, nous envoient régulièrement à l’autre bout de la région, pour aller chercher quelques cargaisons perdues, des grenouilles (sic), chasser un monstre, ou tout simplement prendre des photos de paysage (ça à la limite, je veux bien, les panoramas sont saisissants). A noter aussi, tant qu’on y est, que l’on ne peut visualiser et suivre qu’une quête à la fois sur la carte. C’est-à-dire que l’on ne peut consulter l’intégralité des quêtes de la zone où l’on évolue, et donc c’est-à-dire que l’on passe son temps à se téléporter pour démarrer ou terminer les quêtes. Avec ce fameux écran de chargement, tout à fait. Autre solution : prendre la voiture. Si au début, c’est cool, on met la radio, on prend des postures décontractées et on regarde de jolis décors fort touristiques, on se rend vite compte que les phases routières sont aussi très longues. Pas d’excès de vitesse à prévoir, pas de galop mécanique dans les plaines, juste de la route, et encore de la route. On met trois plombes à se garer, à sortir de la voiture, puis, à terme, à rentrer dedans. Bref tout est long, et, finalement, les temps de chargement paraissent plus abordables. La palme de l’anti-ergonomie revient alors à cette fameuse téléportation, qui ne se déclenche pas forcément tout le temps, et dépend du point de chute sélectionné sur la carte. Parfois, il faut choisir un point proche de notre destination, puis finir en voiture. En effet, en sélectionnant directement la destination finale, si ce n’est ni un parking, ni une station essence, ni un village, la téléportation ne se fera pas, et le trajet en voiture débutera automatiquement. Il faudra donc s’arrêter, sortir de la voiture, rentrer à nouveau dedans (le truc qui prend trois plombes dont on parlait précédemment), et mieux sélectionner son point de chute pour bénéficier de la téléportation. Voilà, un problème régulier, et aussi pénible à vivre que ces quelques phrases à lire ! C’est dire.
Dans la liste des points un peu foireux de ce Final Fantasy XV, se trouve aussi le système de magies, qui a la bonne idée de toucher aussi ses coéquipiers lorsqu’elles sont balancées dans la mêlée. Des coéquipiers qui sont, évidemment, toujours au corps à corps avec les ennemis. Avouons tout de même que les dégâts « friendly-fire » sont très bas, donc, par principe, on s’interroge bien de l’utilité de ce système. Ajoutons à cela que les magies ne sont pas très variées, avec une base feu / glace / foudre et des attributs un peu obscurs, qu’il faudra créer régulièrement à partir de sources disséminées ici et là. C’est franchement pas sexy comme système, mais admettons. Le système de combat est d’ailleurs un peu à l’image de ces magies, à savoir assez fade. Un bouton pour attaquer, un autre pour esquiver (tant que l’on a des MP), un autre pour se téléporter, soit sur un ennemi, soit pour se reposer un peu, et trois techniques de coéquipiers à exécuter de temps à autres (selon une barre qui se remplit), c’est à peu près ça le système de combat. J’exagère, il y a des subtilités. On peut faire des combos avec ses camarades, par exemple, mais comme ils se déclenchent aléatoirement, on n’a pas vraiment l’impression de maitriser quoi que ce soit. A l’image des invocations, encore plus rares à déclencher, et encore plus aléatoires. A priori elles arrivent lorsque l’équipe est (vraiment) en galère. C’est triste à dire, mais je n’en ai vu qu’une, et une seule fois (en dehors des scripts qui les exécutent automatiquement, quoique je me demande encore si ce n’était pas un script ce que je suis en train de vous raconter…). Hyper impressionnantes, magnifiques, démentes, électrisantes, c’est juste dommage que ces invocations n’arrivent jamais et restent totalement incontrôlables… Franchement, plus j’écris ce papier, plus je me demande comment les game designers et autres concepteurs ont pu pondre un tel gâchis. Oui je sais, il parait qu’ils n’ont pas eu le temps de bien finaliser leur jeu, mais tout de même.
D’ailleurs, puisque l’on parle de gâchis, il faudrait aborder, à un moment, l’histoire et la scénarisation de ce Final Fantasy XV. Un récit qui démarre avec le film – en images de synthèse – Kingsglaive. On va directement passer les politesses, ce long métrage est le meilleur moment de ce quinzième épisode. Epique, intéressant, mettant en scène des personnages hauts en couleurs, et posant les bases d’une histoire qui s’annonce (s’annonçait, sic) passionnante. Il s’agit d’une introduction de luxe au jeu Final Fantasy XV. En effet, ce dernier démarre à la minute où le film se termine, c’est-à-dire lorsque la voiture de nos quatre héros, Noctis, Gladio, Ignis et Prompto, tombe en panne à quelques kilomètres de la capitale dévastée par l’Empire. Un évènement majeur, que l’on entend tranquillement à la radio du dinner du coin. Il faut savoir que Noctis est le prince, fils du roi de la capitale déchu, et qu’il devrait être un minimum touché par les récents évènements. Rien du tout, les quatre bonshommes visitent la région, continuent leur « tourisme » sans se soucier le moins du monde de la guerre. Admettons, encore une fois, on peut laisser le bénéfice du doute. Plus tard, l’histoire avance un peu, et les quatre compères se rapprochent des « horreurs de la guerre ». Sauf que rien n’a de sens dans le récit qui nous est narré. Pas de spoilers ici, mais entre les énormes coupes / ellipses dans le scénario, des personnages dont tout le monde se fout éperdument qui crèvent, et d’autres – à priori importants – dont on n’entend plus parler au bout d’un certain temps, il y a à redire. Sans compter les révélations inutiles, au cours d’un chapitre imbitable vers la fin, où tout est jeté au visage du joueur, lui-même bloqué dans le dédale d’un donjon interminable. Chapeau la subtilité !
Pour résumer en quelques mots le fond de ma pensée, si toutefois il n’était pas déjà assez clair : Final Fantasy XV est un immense gâchis. Un mauvais jeu, mal fini et irrespectueux des fans de la série, qui avait pourtant un bon potentiel au départ. En effet, il ne faut pas non plus bouder l’univers enchanteur, croisement réussi entre réalisme (l’ouest américain et la ville de Venise sont d’évidentes inspirations) et magie (bestiaire Final Fantasy, mythes vivants, invocations, …), ou encore cette symbiose – cette bromance – qui s’opère entre les quatre héros. On s’y attache, mine de rien. On pourrait aussi évoquer la musique, signée par la géniale Yoko Shimomura (Legend of Mana, Kingdom Hearts, …), magnifique, absolument parfaite même, qui accompagne bon nombre de séquences spectaculaires. Et si on apprécie ces passages dantesques – forcément, ça en met plein les yeux – on se demande parfois ce qui nous a amené jusque-là. Toutefois, au-delà de la narration complètement à côté de la plaque, le fond de l’histoire reste intéressant. Je vous invite d’ailleurs à lire cette analyse (attention, ça spoile à mort), pour comprendre que tout n’est pas à jeter, loin de là. Square a simplement sorti son jeu sans le terminer, préférant mettre l’accent sur des choses inutiles, comme les recettes de cuisine (sic), les quêtes sans intérêt (celle où il faut fermer huit valves dans la cité de Lestallum sans plus d’indications…), ou bien la customisation de la voiture (mais qui s’est servi de ces autocollants immondes ?). « Un jeu pour les fans et les nouveaux venus » nous annonce Final Fantasy XV à chaque lancement du jeu. Non, et trois fois non, c’est juste du foutage de gueule.
Vous m’excuserez d’avance pour ce texte, un peu bancal et assez violent envers Final Fantasy XV, qui, au demeurant, a plu à pas mal de monde. Mais je le répète, ayant apprécié, voire adoré chaque épisode de la série, ce quinzième épisode n’est pas du tout passé chez moi, à mon grand regret. Il fallait donc que je pose quelque part cette déception, que je l’écrive en l’occurrence, pour ensuite passer à autre chose. En résulte donc ce texte, plus cathartique que vraiment intéressant à lire, j’en conviens.
En attendant les DLC…
Non je plaisante, évidemment.
4 réponses à “Final Fantasy XV, tout ce qui ne va pas dans cette production”
Étant totalement hermétique à la série, j’avoue que j’ai justement apprécié ton texte parce qu’il donne un aperçu clair des points qui peuvent agacer un amateur de la saga et permet de comprendre un peu mieux pourquoi FFXV est le mal-aimé !
FF XII et XIII étaient déjà considérés comme des mal-aimés à l’époque, mais pour autant ils avaient quelque chose à raconter, à apporter au genre. Et grâce à ça, ils m’avaient bien plu ! FF XV, par son manque de finition, rate complètement sa proposition.
Tu n’as jamais joué à la série ? Le genre ne t’attire pas peut-être ?
Je suis tout à fait d’accord avec ton analyse, je n’ai pas eu le courage de finir le jeu perso =(
Salut Sylvain,
je lis ton analyse un peu tard mais ça m’aura au moins laissé le temps de me calmer tellement j’ai également les nerfs sur ce jeu.
Pendant des années, l’une de mes craintes (très puériles, je le consens) aurait été de mourir sans jamais jouer à ce jeu. Franchement, j’ai pas loupé grand chose. Mais j’ai quand même envie de continuer à vivre 😀
Squarenix s’est quand même bien foutu de notre gueule avec ce demi-jeu. J’ignore combien a été payé les scénaristes mais j’espère qu’ils se sont enfuis loin, très loin. C’est à mon sens le plus gros point noir de ce jeu, là où les précédents ont toujours brillé (pour la plupart).
J’ignore si je suis le seul à avoir ce sentiment, mais la qualité des jeux de Square a vraiment baissé depuis sa fusion avec Enix. Je parle d’un temps assez lointain maintenant, mais pour moi ça a commencé avec FF X-2. On pourra bien-sûr me parler de l’évolution des technologies et des problèmes à suivre pour être toujours à la pointe, mais ça n’a aucun rapport avec la qualité d’écriture. Depuis quand avez-vous été bluffé par un scanério de chez Square ? Même FF XII n’est pas à la hauteur pour moi (juste en terme d’histoire, trop centrée géo-politique à mon goût ; mais dont la direction artistique est ma préférée).
Bref, même si je suivrai l’actualité de Square, je pense que c’était bien mon dernier FF (ou tout simplement un jeu de chez Squarenix).
De l’or dans des mains pleines de trous…