The Banner Saga fait partie des surprises de fin d’année comme je les aime. Il y a quelques semaines, j’étais justement en train de faire un bilan 2014, me questionnant sur le jeu qui m’avait fait vibrer, passionné ou intrigué, et à vrai dire le choix se révélait difficile tant, d’un côté je n’avais pas joué à beaucoup de titres, et de l’autre les désillusions demeuraient nombreuses. L’excellent contenu téléchargeable en deux parties de Bioshock Infinite : Tombeau Sous-Marin se confrontait alors au décevant Dark Souls 2. Et si ce dernier détourne et bâcle un univers extraordinaire, il possède tout de même une certaine ressource dans son gameplay. Entre déception de l’année et jeu de l’année, mon choix se portait alors vers l’extension de Bioshock Infinite. Mais voilà, désigner un DLC en tant que meilleur jeu, cela ne dénote pas vraiment de la qualité du reste de la production ! Heureusement, les dernières semaines 2014 ont été l’occasion de se mettre à un outsider inattendu : The Banner Saga. Le voici enfin, mon jeu de l’année !
The Banner Saga est un Tactical RPG américain (si, si) et kickstarté, créé par le studio indépendant Stoic, composé de trois anciens gars de chez Bioware. Le CV intrigue, tout comme le thème contextuel du jeu, basé sur une épopée viking, dans une région du Grand Nord créée pour l’occasion, et surtout travaillée avec le plus grand soin par ses auteurs.
La direction artistique interpelle, et ce dès les premières minutes. Le trait des personnages apparait net et précis, dépeignant humains et géants aux profils atypiques, presque impressionnants. Les décors et paysages traversés se montrent tous plus magnifiques les uns que les autres, où gigantesques montagnes blanches picorées par les nuages cohabitent avec de charmants petits villages scandinaves, ou encore quelques forêts tellement denses qu’elles semblent elles-mêmes murmurer leurs légendes.
La mythologie de The Banner Saga s’avère d’ailleurs assez surprenante, loin des carcans d’Odin, Yggdrasil ou Valhalla. Si les Vikings présentés dans le récit sont remarquablement écrits, avec leur bravoure, leurs croyances et leurs craintes, les dieux restent tout à fait différents de ceux que l’on connait. Sur la route, de gigantesques runes se dressent ici et là, tantôt en l’honneur de Radormyr le dieu du soleil, puis de Marek, Dundr ou encore Bjorulf, dieu de la boisson. Cependant, et il s’agit là de la phrase d’accroche du jeu : aujourd’hui, les dieux sont morts.
Malgré les côtés fantastique et mythologique omniprésents tout au long de l’aventure, The Banner Saga raconte pourtant une histoire crue et réaliste, une histoire ordinaire, sur la guerre et la survie d’un peuple. En effet, le cœur du jeu réside dans le fait de gérer une troupe de Vikings, constituée d’humains et de géants, nommés ici les varls, face à l’oppression des dredges, sorte de créatures mystérieuses toujours masquées par de lourdes armures. Le groupe, au sein duquel se mélangent guerriers et civils, mène ainsi sa vie en autonomie au grès des évènements auxquels ils vont être confrontés jour après jour. Intrigues internes, trahisons, vols, campements dangereux, nouveaux arrivants peu dignes de confiance, etc. Les situations s’avèrent nombreuses, diversifiées, et faire le bon choix n’aura jamais été aussi difficile. Pour résumer, les propositions déterminées pour résoudre une crise ressemblent souvent à une mutilation de la jambe gauche, ou de la jambe droite, au choix. Recueillir les gens de ce village dévasté, et donc augmenter la quantité de bouches à nourrir malgré la réserve de nourriture rachitique, ou les abandonner au froid et aux dredges, sous les yeux des membres du clan déjà apeurés et au moral au plus bas ? S’arrêter pour que les guerriers se reposent, quitte à perdre encore un jour et peut-être se faire rattraper par les poursuivants, ou continuer la marche de force et affaiblir davantage les dernières personnes robustes ? Des choix cornéliens, de moins en moins évidents au fil de l’accumulation de toute cette responsabilité, et de cette troupe de Vikings qui grandit quasiment à chaque escale dans les villages.
L’aventure ne propose pas une durée de vie très étendue, une dizaine d’heures en moyenne, mais tout y est vraiment intense. On se surprendrait même à pousser un « ouf » de soulagement une fois les crédits pointant le bout de leur nez. The Banner Saga sera au final un jeu en trois épisodes, et cette première partie affiche déjà un équilibre parfaitement rodé, à travers un récit rythmé et maitrisé de bout en bout, qui plus est porté par une très bonne qualité d’écriture. Un coup de maitre dès le départ, c’est assez rare pour être noté et félicité. Si l’on n’a pas vraiment parlé du gameplay, sachez que les mécanismes typés Tactical RPG se montrent robustes, bien que classiques et sans réelles surprises, et mettent bien en valeur une dimension stratégique bienvenue. J’ai vraiment hâte de poser la main sur la suite, fraichement annoncée, en espérant bien évidemment que les conséquences des cruels dilemmes détermineront quelques éléments du prochain épisode. En espérant aussi retrouver cette ambiance musicale fantastique, épique, qui contribue parfaitement à l’osmose générale. Le studio Stoic a su savamment équilibrer chaque particularité de son bébé, sans trop en faire d’un côté, ni en oublier de l’autre, et nous livre ici un très, très grand jeu. Le jeu de l’année, donc.
La surprise de cette fin d’année pour ma part. Un jeu équilibré, sans temps mort, passionnant de bout en bout, magnifique et envoûtant. Que demander de plus ? La suite, et vite !
2 réponses à “The Banner Saga : premier épisode d’une trilogie viking”
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