Dungeon of the Endless était gratuit sur Steam le week-end dernier. J’ai sauté sur l’occasion pour tenter l’expérience, ayant lu ici et là de très bons avis sur ce titre pourtant assez peu connu. Et ce fut une excellente surprise !
En plus de ses graphismes « pixel art » du plus bel effet et son écriture aussi drôle que blindée de références, Dungeon of the Endless s’affirme d’autant plus dans un ensemble de mécanismes, entre rogue-like et tower defense, qui font de lui un jeu unique. L’aventure est découpée en une douzaine de niveaux générés aléatoirement. Pour chacun d’entre eux, symbolisés sous la forme d’un étage, on observe une phase d’exploration et une autre de « fuite ». Dans un premier temps donc, notre groupe de quatre héros déambulera, dans les nombreuses pièces, à la recherche d’un ascenseur qui les emmènera au niveau suivant. Une fois celui-ci trouvé, il suffira d’y amener le cristal, quant à lui toujours déposé dans la première salle du niveau. Simple, non ?
Le problème, ce sont les ennemis. Des extraterrestres franchement hostiles, même. Chaque nouvelle pièce explorée peut faire apparaitre ces monstres, soit à l’endroit qui vient d’être découvert, soit dans n’importe quel autre coin de l’étage dépourvu de lumière. Autrement dit, une fois passés les premiers Game Over, où l’on recommence bien entendu du début, la précieuse ressource lumière devient nettement la plus indispensable. Il existe quatre ressources dans Dungeon of the Endless : la science (pour faire des recherches), l’industrie (pour construire), la nourriture (pour faire progresser les héros) et, enfin, la lumière. Les trois premières s’acquièrent grâce à des bâtiments, à construire dès le début de chaque étage, et il faudra jongler entre chacune de ces productions pour garder un certain équilibre dans les ressources. La lumière en revanche, est obtenue (ou pas) à chaque entrée dans de nouvelles pièces. Le côté aléatoire joue donc pas mal sur cette ressource, et tout point de lumière capturé apparait comme un véritable soulagement. Sans lumière, pas de salle éclairée, et sans salle éclairée, l’apparition des monstres, mais également l’impossibilité de créer des bâtiments, donc carence d’autres ressources. Ainsi, tout découle de la lumière. La phase d’exploration permet donc d’engranger suffisamment de ressources (elles se calculent à chaque tour, représenté quant à eux par l’ouverture des portes des différentes salles) pour être à l’aise au moment fatidique de la fuite vers l’ascenseur.
Amener le cristal jusqu’au point de jonction avec l’étage suivant représente donc l’évènement crucial du niveau. Il faut tout d’abord mobiliser un héros pour porter le lourd cristal, qui se voit ainsi ralenti par son poids. Il faut également un maximum de salles allumées pour que les monstres n’apparaissent pas brusquement dans celles-ci. Enfin, il faut mettre en place un bon système de défense afin de ralentir les créatures qui arriveraient tout de même à se frayer un passage vers le porteur du cristal. Dungeon of the Endless prend ainsi une tournure de tower defense plutôt réussie, où il sera nécessaire de bien placer les canons automatiques et autres gaz mortels, sinon les quelques mètres qui séparent les héros de l’ascenseur se transformeront rapidement en cauchemar, puis en Game Over. En effet, à partir du moment où le cristal est déplacé, les vagues d’ennemis deviennent infinies, et de plus en plus violentes. Si l’on est mal préparé, c’est le drame.
Tout se joue donc lors de la phase d’exploration, sur un équilibre très subtil entre les montées de niveaux des héros, la récupération d’objets plus puissants, l’accumulation des ressources, le bon positionnement des défenses et sur l’ouverture réfléchie de chaque porte. Ouvrir tous les accès n’apparait pas forcément comme une bonne idée, car si la lumière n’est pas omniprésente, les extraterrestres n’auront aucun mal à se frayer un chemin vers le cristal. Il faudra donc sans cesse jongler entre les différentes possibilités qu’offre cette habile production du studio (français !) Amplitude. Néanmoins, selon les niveaux / étages, l’aléatoire ne fait pas toujours bien les choses. Parfois, la lumière manque cruellement alors que l’enchainement des salles ne laisse place à aucun faux pas. Une fois bien avancé dans l’ouverture des portes, il ne reste malheureusement plus de bonnes solutions, et le Game Over semble irrévocable. Dungeon of the Endless est un jeu difficile, qui ne laisse quasiment jamais une seconde chance à son joueur. En résultent quelques frustrations, malgré des mécanismes en béton armé.
Charmant, drôle et réglé avec une certaine ingéniosité, Dungeon of the Endless peut pourtant rebuter. Il s’agit là d’un jeu hostile, difficile à appréhender, mais d’une générosité affolante. Il mérite en tout cas que l’on s’y attarde, voire même que l’on s’y attache.