Écritures – deuxième partie (Dark Souls – Par-delà la mort volume 2)

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Pour ce second article d’Écritures, série de textes relatant mon expérience en tant qu’auteur chez Third Éditions, nous allons nous concentrer sur la création du second volume de Dark Souls – Par-delà la mort. Cet ouvrage regroupe les analyses de Bloodborne et Dark Souls III, deux séries et deux univers bien différents, mais deux jeux conçus par le même studio, FromSoftware. Si bien que la notion de « tome 2 » est arrivée plus tard dans les discussions. L’idée de deux bouquins distincts a aussi été abordée, mais, alors, comment intégrer Dark Souls III au livre déjà paru Par-delà la mort ? La possibilité d’une version augmentée restait inenvisageable, et de toute manière l’ouvrage d’origine parlait déjà de Demon’s Souls, un jeu à part des Dark Souls. Dès lors, pourquoi ne pas écrire une suite à Dark Souls – Par-delà la mort ? Dotée d’un titre un peu trompeur, puisqu’elle inclurait une analyse complète de Bloodborne, mais une suite « logique », un second volume dans la même veine que son prédécesseur. C’était l’idée. Néanmoins, quelques modifications furent apportées à la structure du bouquin. Celle-ci fut éclatée en trois grands chapitres – nommés Livres – : un sur Bloodborne, un sur Dark Souls III et un plus global sur le Décryptage des deux œuvres. Chaque jeu s’est donc vu disséqué dans son « livre » selon les angles habituels de Third : Création, Univers / Thématiques, Musique, avant de prendre du recul pour une analyse plus générale. La lecture apparait ainsi plus fluide (chaque jeu a son espace) et la structure plus logique.

Comme je l’indiquais à la fin de la première partie d’Écritures, le projet a germé en septembre 2015, quelques mois après la sortie de Bloodborne et Dark Souls – Par-delà la mort. Damien Mecheri a une nouvelle fois été mon coauteur, et la répartition des chapitres demeurait également similaire à celle du premier volume. Je m’occupais des parties Histoire / Univers et Damien, du reste, c’est-à-dire des coulisses de création au décryptage des œuvres ! Contrairement au précédent tome, il s’est passé un long moment – quasiment deux ans – entre les premières ébauches et la sortie du livre. Étant plus serein sur les délais, moins sur les reports de dates de sortie des DLC (le dernier de Dark Souls IIIThe Ringed City – s’est fait attendre !), l’écriture s’est moins faite dans l’urgence. On décortiquait les jeux et leurs DLC à leur sortie, en ayant le temps de prendre le recul nécessaire pour éviter de dire des bêtises. Du moins jusqu’à The Ringed City, mais nous y reviendrons plus loin dans cet article, pour le moment restons dans la chronologie et parlons de Bloodborne !

À vrai dire, j’ai poncé Bloodborne pendant des mois. Si j’avais adoré mes deux premiers runs, le jeu me paraissait moins marquant que Dark Souls, comme je l’explique dans cet article. En refaisant le jeu, DLC The Old Hunters inclus (sorti en novembre 2015), et cette fois-ci vraiment dans l’optique « je vais écrire un bouquin dessus et l’analyser ad nauseam« , je l’ai trouvé fou. Complètement fou. À l’image de son propos, de ses personnages, de son gameplay, de sa direction artistique, de ses musiques. Bloodborne est un jeu fou. Il a été conçu avec une cohérence extraordinaire.

J’avais beau pousser l’analyse dans n’importe quelle direction, sur n’importe quel détail, ça se recoupait forcément avec d’autres points, et continuait de dessiner un canevas que je n’avais même pas effleuré sur mes deux premiers runs en demi-teinte. Et plus j’accumulais de connaissances sur l’univers du jeu, plus je me rapprochais de cet ensemble absolument parfait et cohérent que je trouve fou dans Bloodborne. Un sentiment encore plus dingue quand on fait l’analogie avec l’une des facettes du jeu, à savoir que certains personnages cherchent à consommer des « Yeux » (incarnation du savoir dans le jeu) pour atteindre la « Vérité Occulte » (The Eldritch Truth). Ces personnages finissent d’ailleurs toujours par tomber dans la folie à l’approche de la vérité, comme l’avatar du joueur est plus sensible à l’état « folie » s’il possède suffisamment de points de « lucidité ». Un détail parmi tant d’autres.

Je m’égare, mais vous avez compris à quel point Bloodborne est riche, et à quel point il faut se plonger dedans – s’y perdre – pour gouter à cette sensation de vertige, ce sentiment proche d’une douce folie. Loin d’être le seul à avoir été fasciné par la proposition de Bloodborne, je me souviens de discussions passionnantes avec mes chers Hubert Griffe et Ludovic Castro – souvenirs avec Ludo d’une soirée passée sur Toulouse à n’avoir échangé QUE sur ce jeu, incroyable ! Deux noms qui ne sont d’ailleurs pas étrangers à la suite des évènements, Hubert ayant signé les illustrations à l’intérieur du volume 2 de Dark Souls – Par-delà la mort, ainsi que sa superbe couverture First Print en noir et blanc dédiée à BloodBorne (et, plus tard, d’autres pour Third), et Ludo en tant qu’auteur du livre sur Sekiro, La seconde vie des Souls, toujours paru chez Third, et qui suit la logique des deux volumes Par-delà la mort. Bref, ces longues discussions ont sans cesse apporté du grain à moudre – de qualité ! – pour la rédaction de la partie Univers de Bloodborne. Cette rédaction a d’ailleurs débuté à peu près au moment de la sortie de Dark Souls III, à savoir en avril 2016.

L’annonce du livre a été faite le jour de la sortie de Dark Souls III !

Nouvelle organisation
Vous vous souvenez, dans le premier article d’Écritures, j’avais mis en avant ma mauvaise organisation des ressources et des idées à exploiter, jurant de ne pas le refaire à l’avenir. Et bien effectivement, j’ai modifié ma méthodologie principale pour ce second ouvrage. Je n’ai pas complètement échappé à une organisation hasardeuse sur certains aspects, mais le principal était au bon endroit, et facilement accessible en quelques manipulations.
Pour cela, j’ai utilisé un outil appelé Zim, qui n’est ni plus ni moins qu’un wiki installé en local sur le PC. Ainsi, je pouvais créer des pages par personnages, par lieux ou par thèmes. En fait, il me fallait surtout un outil de recherche efficace, qui me listait simplement les pages où les termes étaient utilisés, afin de retrouver rapidement mes recherches sur des mots-clés précis. Et bien, c’est ce que fait Zim. Un wiki simple et efficace.
Également un important changement depuis la rédaction du premier ouvrage, Bloodborne et Dark Souls III tournaient sur Playsation 4, qui met à disposition un outil de capture d’écran. Pas forcément le plus pratique et le plus performant, mais j’ai capturé du coup à peu près toutes les descriptions d’objets, toutes les lignes de dialogues, tous les détails des décors qui m’interpellaient, ainsi que les moments importants des scènes cinématiques. Avec ça comme ressources de travail, tout a été beaucoup plus simple à vrai dire. J’avais tout sous la main, sans avoir à relancer le jeu à chaque questionnement ! J’ai organisé toutes ces captures avec Zim et ventilé les informations selon les personnages, les lieux, etc. Cette partie a été un long labeur, je ne vous le cache pas, mais j’y ai beaucoup gagné par la suite.

Voilà à quoi ressemble mon wiki personnel sur Dark Souls III, avec la petite fenêtre de recherche absolument indispensable !

Avoir toutes les ressources (descriptions, dialogues) à portée de clic a donc été salvateur pour l’organisation d’idées, mais cela m’a aussi permis de faire un argumentaire tellement poussé, qu’il en est devenu, avec du recul, un peu poussif à lire. Explications. Pour les parties Univers de ce second ouvrage de Dark Souls – Par-delà la mort, j’ai souhaité expliquer en détail chaque idée et hypothèse avancées dans le texte, en citant les parties de descriptions d’objets et les lignes dialogues de personnages que je jugeais pertinentes. En résulte un grand nombre de notes de bas de page, parfois très longues. Si toutes les affirmations apparaissent ainsi explicitées, la lecture souffre parfois de quelques cassures de rythme, dues à de fortes densités de notes au sein d’un même paragraphe. Toutefois, ce n’est pas vraiment là un regret, car j’ai organisé et expliqué mes idées avec la rigueur et la précision que je souhaitais mettre en œuvre, mais avec du recul, je l’aurait fait différemment, essayant d’intégrer au maximum ces explications au sein du récit principal. Un exercice vraiment loin d’être évident !

La date de sortie du bouquin a longtemps été inconnue. Un vague 2017, mais c’est lorsque la date de sortie du dernier DLC de Dark Souls III, The Ringed City, a été annoncée par Bandai Namco que tout s’est débloqué. Le 28 mars 2017, donc, le dernier pan de l’histoire de la saga Dark Souls serait disponible. On se réservait alors quelques temps pour finaliser la partie Histoire et Univers, en espérant que les derniers ajouts au lore si complexe de la série ne viendraient pas remettre en question tout ce qui avait été écrit jusqu’à présent. Heureusement, non, ce qui signifie aussi que l’analyse était bonne jusque là, ouf ! Les ajouts se montraient en revanche assez inattendus (une constante de la saga), avec des références au tout premier épisode qui apportaient bon nombres de nouvelles réflexions passionnantes. Génial ! Il fallait aussi prévoir le temps des corrections, des relectures – même si le reste du texte avait déjà été validé depuis un certain temps – et, enfin, de l’impression. La date de sortie du livre a donc été annoncée, pour juillet 2017, idéalement dans la période de la Japan Expo à Paris, où Third irait présenter ses nouveautés.

Le stand de Third Edition à la Japan Expo 2017 !
Rituel à chaque sortie de bouquin, la livraison d’un carton plein à craquer d’exemplaires en version classique et First Print ! Un grand moment d’émotion à la découverte du produit final, le poids réel de l’abstrait document Word travaillé durant des mois, l’odeur du papier, le toucher de la couverture.
Couverture édition classique, par Jan-Philipp Eckert, également créateur de la couverture du premier volume.
Couverture édition First Print, par Hubert Griffe, dédiée à Bloodborne et inspirée des gravures singulières de Gustave Doré.
Exemple de double page avec une illustration, toujours par le talentueux Hubert Griffe.

Retour d’expérience
Travailler sur ce second volume de Dark Souls – Par-delà la mort s’est avéré moins compliqué et stressant que pour le premier. Une question de temps et de délai, sans doute, mais aussi d’expérience et – par conséquence – d’organisation. J’étais globalement plus serein durant chaque phase du projet. Je ne me souviens pas de véritables galères survenues durant la confection de l’ouvrage. Pas de changement de coauteur en cours de route en tout cas ! C’était plutôt l’inconnue liée à la sortie des derniers DLC de Dark Souls III qui nous empêchaient d’avoir une vision de la fin du planning. Avec un peu de recul, rien de bien méchant, en tout cas à mon niveau d’auteur, j’image que pour l’éditeur, la communication auprès des distributeurs se montre plus délicate si la date de sortie n’est pas fixée. Cependant, le marathon a aussi été plus long, avec un livre plus costaud et des relectures en conséquence. La quantité de travail a ainsi été plus importante, et ce à tous les niveaux.
Enfin, et pour terminer cette seconde partie d’Écritures, je souhaitais revenir sur la partie du bouquin dédiée à Bloodborne. Elle est, à mon sens, la meilleure des deux bouquins (vous avez peut-être un autre avis !). Peut-être parce qu’il s’agit d’un jeu standalone, et que son histoire se tient parfaitement du début à la fin. Peut-être aussi que les thèmes et la construction du jeu m’ont plus parlé, m’ont davantage fasciné, comme je l’expliquais plus haut dans cet article. Dans tous les cas, je trouve que l’analyse que l’on a faite avec Damien rend vraiment hommage à la singularité et la subtilité de Bloodborne. J’en suis vraiment très fier.

La suite dans la prochaine partie d’Écritures !

(Si vous avez des questions sur l’élaboration de cet ouvrage, n’hésitez pas à les poser dans la section des commentaires)


8 réponses à “Écritures – deuxième partie (Dark Souls – Par-delà la mort volume 2)”

  1. Je n’ai pas lu le premier volume car j’ai commencé les Souls avec Bloodborne qui m’a beaucoup marqué, pour continuer ensuite avec Dark Souls 3 et Sekiro. J’ai essayé demon’s souls et les deux premiers dark souls par la suite, mais ils sont pour le coup trop rigides et austères pour moi. Je vous félicite en tout cas pour ce deuxième volume absolument passionnant ! Après avoir fini Bloodborne, j’ai cherché des explications sur l’histoire et l’univers du jeu, sans jamais trouver d’analyse fouillée et cohérente, encore moins en français. Votre livre m’a donc comblé. Il est extrêmement riche, fouillé, documenté, et très bien écrit. Grâce à vous, j’ai compris une bonne partie du scénario et je me suis rendu compte du travail de titan qui a été réalisé. Votre ouvrage est LA référence en langue française pour qui souhaite comprendre ces jeux et mesurer l’ampleur du travail accompli. Un grand merci !

    • Merci à vous, votre message fait chaud au cœur !
      Je pense néanmoins que le premier Dark Souls est à faire, malgré sa rigidité, au moins pour son univers et ses évènements qui précèdent Dark Souls 3, et son level design vraiment inspiré, à mon sens le meilleur de la saga. Et pourquoi pas aussi jeter un œil au remake de Demon’s Souls, l’occasion de se procurer le premier tome de Par-delà la mort 🙂
      En tout cas je suis ravi que le 2e volume vous ait plu !

  2. Un peu dans le même cas que mon voisin plus haut, j’ai mon actif Bloodborne, puis Sekiro et Dark Souls 3. Le remake de Demon’s Souls sera le suivant…
    Ma collection Third grandit également doucement et j’attends impatiemment une réedition du « volume 2 » pour pouvoir enfin découvrir ces deux ouvrages! (je sais que je ne serai pas déçu car je suis déjà un fidèle lecteur de Chroniques Vidéoludiques )
    Bravo et merci pour vos travaux passionnants!!!!

  3. Bonjour, je suis intéressé par ce deuxième volume, mais j’aimerais savoir si il y a des illustrations a l’intérieur et en couleurs, je n’ai jamais eu l’occasion de le feuilleter, Merci à vous !

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