Ne nous le cachons pas plus longtemps, Enslaved reste l’un de ces jeux classiques d’action / aventure de ce début du XXIème siècle. Les nombreux combats, en zones fermées, succèdent aux phases de plateformes sans saveur, avant de débouler sur une scène cinématique qui en met plein la vue, le tout découpé sous la forme d’une série de chapitres qui, placés bout en bout, affichent une durée de vie tout à fait normale, banale même, d’une petite douzaine d’heures. Pourtant, cette production de Ninja Theory expose deux qualités qui décuplent littéralement le capital sympathie que l’on pourrait lui accorder : d’un côté son sous-titre, Odyssey to the West, qui apporte un indice sur la nature de l’aventure, soit une relecture libre du roman chinois La Pérégrination vers l’Ouest de Wu Cheng’en, sur laquelle nous reviendrons en détail lors d’un prochain article d’analyse (EDIT 4 Décembre 2014 : l’article est disponible, Enslaved : Odyssey to the West – le voyage vers l’ouest), et de l’autre côté, un travail remarquable sur l’écriture générale du scénario du jeu. En effet, ce dernier apparait dynamique, rythmé, mettant en scène des personnages intéressants et vite attachants.
De plus, la direction artistique du jeu se montre sublime, et ce, du début à la fin. On se surprend à se poser ici et là, faisant tourner la caméra de droite à gauche, puis de haut en bas, admirant chaque détail de l’environnement, s’imprégnant des milliers de couleurs et observant les structures étranges qui pointent à l’horizon. Enslaved dépeint un univers post-apocalyptique qui prend forme plus d’un siècle après notre ère. Les humains demeurent rares en cette époque future, tandis que de nombreux robots peuplent les rues, notamment celles de New York City, où démarre le jeu. Et quel début d’aventure ! Le premier monde se déroule en effet au cœur de The Big Apple, affichant bâtiments et célèbres gratte-ciels dévastés, envahis par la végétation, et les fameux robots. La découverte de chaque zone apparait alors comme une succession de moments ébahissants, où chaque recoin se montre superbe, et semble avoir été reconstruit avec un vrai souci de cohérence par rapport à la ville. Le niveau commence d’ailleurs dans la gare de Grand Central, à moitié en ruines et en proie à une Nature prolifique. Dès lors, avant même de mettre un pied hors de la bâtisse, on peut déjà sentir le souffle de l’aventure et l’envie d’en découvrir plus, beaucoup plus, surtout pour celui qui a au préalable foulé le pavé large et pollué de l’incroyable île de Manhattan. Un paysage connu, mais modifié, dévasté, se dévoile alors aux yeux du joueur, placé pour l’occasion dans la peau de Monkey, l’un des deux personnages principaux du récit d’Enslaved.
Monkey, Sangoku des temps modernes avec son bâton magique, sa fore colossale, sa queue de singe et son nuage supersonique, et Trip, cérébrale princesse post-apocalyptique au pantalon troué, forment ainsi le duo phare du jeu. Leur relation évolue tout au long du jeu et, même si l’écriture reste assez classique, on s’attache facilement à ces deux caractères bien trempés. Par ailleurs, et de manière générale, le rythme de l’histoire apparait bon, voire très bon. Les évènements s’enchainent avec fluidité, et la petite quinzaine de chapitres s’aborde sans jamais serrer les dents. Le fil rouge reste intrigant de bout en bout, sans toutefois se montrer trop dense ni complexe, tandis que les situations s’avèrent assez originales ou efficaces pour captiver une heure de plus son joueur. Tout est remarquablement bien équilibré, du moins en ce qui concerne l’écriture, non parfaite, mais exemplaire, comparée aux autres jeux du même genre. Pour les phases de gameplay en revanche, on s’ennuie un peu.
La faute à une structure et un level design un peu trop convenus, plaçant séquentiellement affrontements puis plateformes. L’effet de surprise n’apparait pas, ou rarement, une fois la manette en main, ce qui contraste pas mal avec l’audace de l’écriture par exemple, voire celle de la direction artistique. Cependant, Monkey étant un colosse agile et résistant, les combats demeurent agréables à négocier, mettant même en avant un petit penchant ingénieux dans les face à face avec les différents boss. Côté plateformes en revanche, tout est beaucoup plus plat, ne demandant qu’à appuyer sur un ou deux boutons au moment opportun. A noter que la mise en scène de ces séquences rend l’instant assez immersif pour ne pas tomber dans le ridicule, mais concrètement, on s’ennuie un peu. Heureusement, cela ne dure jamais longtemps, laissant de nouveau place à ce gout de l’aventure que semblent si bien maitriser les concepteurs d’Enslaved. Ajouté à cela, de temps à autre une petite énigme demande résolution, ou une grisante course poursuite à dos de nuage supersonique pointe le bout de son nez, mais la routine s’installe finalement assez vite au niveau du gameplay. Néanmoins, l’action ne s’attarde jamais trop, et l’on découvre, toujours à un rythme satisfaisant, la suite du voyage que propose Enslaved : Odyssey to the West.
Sous ses airs de jeu lambda, Enslaved affiche tout de même une qualité d’écriture notable, ainsi qu’un univers passionnant. Voici donc un jeu magnifique, imaginé comme une invitation à un voyage extraordinaire, aux côtés de Monkey et Trip.
2 réponses à “Enslaved : Odyssey to the West – préparatifs au voyage”
[…] présent que le sujet à été introduit par la chronique intitulée « Enslaved : Odyssey to the West – préparatifs au voyage », il est maintenant temps de se mettre en route, aux côtés de Monkey et Trip, puis un peu plus […]
[…] connue pour la création de jeux vidéo assez atmosphériques qui intègrent une action rapide (Enslaved : Odyssey à l’Ouest et DMC : Devil May Cry) fait que rien ne nous dit que les studios ne pouvaient donc éviter la […]