Les génériques d’American Horror Story

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Il y a peu, je terminais le visionnage de la dixième saison d’American Horror Story (ou AHS). Cette série, créée par le prolifique Ryan Murphy et son acolyte Brad Falchuk en 2011, multiplie avec plus ou moins d’inspiration les sujets et les approches du genre horrifique. À chaque saison, le thème change et les acteurs – souvent les mêmes – endossent de nouveaux rôles. En ce qui me concerne, j’ai toujours été client d’American Horror Story, même sur les saisons plus critiquées, comme la troisième, Coven, ou la sixième, Roanoke. Si tout n’est pas parfait, loin de là, j’ai apprécié chaque année le rendez-vous, toujours surpris par les différents thèmes et leur traitement, mais aussi curieux des personnages et des acteurs qui les incarneraient. Depuis la huitième saison toutefois, Apocalypse, je trouve que la série perd en intérêt, qu’elle a moins de choses à raconter, moins de surprises dans sa besace narrative. Qu’importe, plutôt intrigué à chaque fois, je continue de regarder.

Evan Peters, acteur récurrent toujours impeccable dans ses nombreux rôles de la série

La dernière saison en date, la dixième donc, tente une approche structurelle un peu différente des précédentes, puisqu’elle est scindée en deux histoires distinctes. L’une étalée sur six épisodes, l’autre sur quatre. Des récits plus courts et plus condensés qui rappellent l’un des spin-off de la série, American Horror Stories (2021), où chaque épisode met en scène une histoire indépendante. Pour le coup, la plupart des épisodes de ce spin-off restent anecdotiques, même si certains s’inscrivent dans une intéressante mythologie commune alimentée au fil des années par les différentes saisons d’American Horror Story.

Pour cette dixième saison, et contrairement à Stories, on prend davantage le temps de s’attacher aux personnages et à leurs démons. De mon côté, j’ai trouvé la première histoire vraiment excellente, « inspirée » si je puis dire, sans en dévoiler le cœur du sujet ! Quant à la seconde, je ne l’ai pas du tout aimé. C’est mou et les personnages sont inintéressants, tandis que le thème et son interprétation ne se montrent pas vraiment convaincants ni étonnants. Très déçu !

En revanche, là où la série ne déçoit jamais, c’est sur son générique d’ouverture. Je ne me souviens pas l’avoir déjà passé en vitesse, ni même avoir souvent détourné mon attention de celui-ci. Je suis totalement fasciné à chacune de ses apparitions, survenant généralement après un prologue aux révélations saisissantes. Comme le reste de la série, le générique change à chaque saison. Il s’adapte aux nouveaux thèmes et donne pléthore d’indices – parfois quelques fausses pistes – sur la suite de la saison. Il annonce également les acteurs principaux, dont certains ne font d’ailleurs pas leur apparition avant plusieurs épisodes. À vrai dire le générique est aussi captivant et surprenant que la série elle-même !

Le créateur de cette séquence si importante dans American Horror Story est Kyle Cooper, déjà à l’origine du remarquable générique de Seven (David Fincher, 1995). L’artiste est également derrière bon nombre d’autres productions, comme le générique de la série The Walking Dead ou même du côté des jeux vidéo, avec le logo de Death Stranding. Cooper est donc embauché par Ryan Murphy pour imaginer et créer le générique d’American Horror Story. « Pour une séquence d’horreur, il faut chercher une réaction émotionnelle, qu’elle soit inquiétante, pleine de suspense, mystérieuse ou dramatique. Ces éléments donnent le ton. […] Pour American Horror Story, Ryan Murphy voulait que ce soit sombre. Au départ j’avais présenté un montage encore plus sombre, et nous avons enlevé certains sons, effets sonores et images que le studio trouvait trop sinistres. Je pense que parfois, les images censées être choquantes ne laissent rien à l’imagination, et c’est donc un défi de les rendre effrayantes sans nécessairement les rendre ridicules – comme une maison hantée ou une maison de poupée avec du faux sang, ce genre de choses. Ce n’est pas inquiétant, à moins d’en dissimuler certains éléments je pense. » raconte Cooper sur le site ScifiNow.

« Le générique [d’American Horror Story] agit presque comme un mystère. Lorsque vous voyez le neuvième épisode de la [première] saison, chaque image du générique trouve une explication. Par exemple, à quoi servent les bocaux dans le sous-sol ? Quel est le mystère entourant la robe blanche flottante ? À qui appartient le taille-haie ensanglanté ? Chaque fois que vous le regarderez et que vous découvrirez l’épisode de la semaine, vous pourrez dire : « Oh, c’est pour ça que c’est là ! » » peut-on lire du showrunner Ryan Murphy sur CinemaBlend. Toutefois, si cela se vérifie assez sur les premières saisons, Cooper rappelle souvent que bon nombre des éléments du générique sont « inventés » pour cette séquence, comme dans une interview à Decider : « Il y a des éléments que je trouve bizarres et dérangeants qui ne sont parfois même pas dans la série, et d’autres fois ils s’y retrouvent. Nous avons agrémenté les génériques avec des idées que nous avons inventées, sachant qu’elles ne seront jamais dans la série. Nous leur avons donné vie dans le cadre du générique. »

L’horreur est aussi bien visuelle que sonore. Bien que campée à ses trois notes insistantes et sa ligne de basse lancinante, la musique évolue aussi à chaque année de diffusion. Elle est composée par Cesar Davila-Irizarry et Charlie Clouser, un ancien membre du groupe Nine Inch Nails, et agrémentée de bruits stridents sur lesquels le montage se cale pour mieux nous happer ou nous dégoûter. Suivant les saisons, la musique change, s’adapte, notamment depuis la quatrième saison, Freak Show, dont le son inversé au début du générique interpelle, ou dans la septième, Cult, avec ses trompettes patriotiques qui résonnent avec la glaçante White Supremacy dont il est question dans le récit.

Pour terminer ce tour d’horizon des génériques d’American Horror Story, quoi de mieux que d’en regarder quelques-uns. Attention, vous l’aurez compris, ils peuvent être assez gores ou dérangeants. De manière très personnelle, je préfère les découvrir au sein de chacune des saisons, mais peut-être cela vous donnera-t-il envie de regarder la série. Je conseille surtout les deux premières saisons, vraiment excellentes, ainsi que la cinquième, Hotel, portée par une Lady Gaga aussi inattendue dans une telle production que fascinante à l’écran.

Saison 1
Saison 3
Saison 4
Saison 7

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