Ori and the Blind Forest – le metroidvania faussaire

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Le genre « metroidvania » est à la mode en ce moment. Depuis quelques années, on le savoure même à toutes les sauces – même mexicaine, avec le très bon Guacamelee par exemple – et ce jusqu’à l’indigestion, comme l’attestent les dizaines de titres qui demeurent dans les tréfonds de Steam. Le style de jeu lasse un peu, à force. Toutefois, le public se montre toujours enthousiaste à l’annonce un peu marketée d’une nouvelle production du genre. Ce qui fut le cas pour Ori and the Blind Forest, accueilli par une presse dithyrambique et une majorité de joueurs enchantés. A priori, la nouvelle référence du metroidvania était née. A la différence près que, même si le titre de Moon Sudios reste un jeu de plateforme sympathique, il n’est pas du tout un bon metroidvania !

 

Reprenons dès lors les bases du genre. Souvenez-vous de Castlevania – Symphony of the Night, qui reste aujourd’hui, soit quasiment 20 ans après, le plus représentatif des metroidvania. L’aventure se déroulait dans un château immense, qu’il fallait explorer minutieusement pour s’approprier divers objets et compétences. Chacun de ces gains permettait de débloquer de nouveaux chemins dans ce labyrinthe hostile. L’évolution du personnage se basait donc sur la recherche, dans un level design ingénieux et réellement pensé pour ça. De fait, l’impression de linéarité se voyait atténuer alors que l’on apercevait tous les passages possibles, même si quelques-uns demeuraient inaccessibles durant un temps. Tout cela demandait au joueur d’observer, d’essayer, d’échouer, d’y revenir plus tard, pour enfin réussir. Et c’est là que réside le plus gros défaut d’Ori and the Blind Forest : sa linéarité.

En effet, le jeu qui nous intéresse aujourd’hui n’a pas grand-chose d’un metroidvania. Les compétences, plutôt inventives au demeurant, se débloquent une à une au fil de l’histoire. Chacune permet de progresser jusqu’au niveau suivant, auparavant infranchissable, ou d’aller fureter dans les anciens tableaux afin de glaner quelques bonus, trois sortes en fait : des points de compétences, de vie ou de magie. Voilà, rien de plus. Ce n’est pas de l’exploration, c’est un fil rouge bien déguisé. Déjà qu’il n’y a que peu d’intérêt à retourner dans les précédents lieux, sauf dans une optique de complétion totale, la prochaine étape du périple se voit carrément marquée sur la carte par un énorme halo bleu, immanquable, presque irrespectueux du genre.

 

Maintenant que l’on sait qu’Ori and the Blind Forest n’est pas vraiment un metroidvania, on peut l’apprécier en tant que jeu de plateforme, classique mais efficace. Le gameplay est précis, l’évolution du personnage se montre plutôt intéressante (bien que linéaire !), et le level design, assez varié. D’ailleurs, loin des carcans de facilité de notre époque, certaines séquences s’annoncent particulièrement ardues. Heureusement, la sauvegarde est facile et on ne recommence jamais de très loin. A noter que des « poursuites », symbolisant les boss, se déclenchent en fin de niveau. En résulte à chaque fois une course longue, pénible, et punitive au possible, pour un die & retry sorti de nulle part qui ne s’accommode pas du tout avec le reste du jeu, quant à lui plus posé et en relation avec ce qu’il raconte, ce qu’il décrit : la Nature.

Il ne s’en cache pas, Ori and the Blind Forest est une déclaration d’amour à Dame Nature. Loin d’une quelconque civilisation, l’histoire se déroule au cœur de la forêt. Une forêt à la Miyazaki, avec toute sorte d’êtres féériques et de créatures extraordinaires. Un microcosme riche, fantastique, qui prend vie au travers d’une direction artistique à tomber. Le jeu est magnifique, vraiment, et chaque nouveau décor propose son lot d’émerveillement. Parcourir cette nature, la découvrir, est un plaisir rare. Et si elle ne fonctionne pas tout à fait comme celle que l’on connait, on retrouve pourtant des similitudes. Des grandes règles universelles qui forgent le récit du jeu, évoquant autant la survie des espèces que la diversité biologique qui donne vie à cet environnement. Voilà une aventure des plus classiques, mais qui réchauffe les cœurs.

 

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2 réponses à “Ori and the Blind Forest – le metroidvania faussaire”

  1. Bonsoir. Je voudrais ajouter que la thématique se trouve aussi autour du deuil et la manière d’y être confronté. Chaque personnage la subit à sa manière et se comporte différent des autres face à cette épreuve . Par ailleurs, on se sent extrêmement seul dans le jeux ce qui pour moi fait sens auprès du joueur. Heureusement que les zones sont agréable à parcourir car je pense que l’atmosphère pourrait devenir angoissante.
    Merci pour l’article.

  2. Les metroidvanias de notre époque mettent en avant une histoire riche et complète. En tout cas pour les jeux indés. C’est ça le plus important au final. Avoir une histoire intéressante qui possède un début et une fin. Dur de rester insensible quand on voit Myla arrêter de chantonner dans Crystal Peak à mesure qu’elle se fait infecter comme les autres insectes dans Hollow Knights. Un jeu qui vous pince le coeur à mesure que vous découvrez l’état du royaume dans lequel vous évoluez.

    Ca change des AAAs sans saveur qui ne se cassent même plus le cul à créer un design/univers endémique et unique.

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