Rage, FPS bourrin et sauvage signé Id Software

7 minutes de lecture


Rage était un des jeux que j’attendais le plus en 2011. Tout était pour lui, un studio de développement connu et reconnu, une ambiance et une direction artistique à tomber et un gameplay qui s’annonçait purement jouissif. Le FPS rêvé, donc. Le voila sorti, et ce après pas mal de retard accumulé. Voyons voir ce qu’il a réellement dans le bide…

Excellent niveau. Ambiance et surprises sont au rendez-vous.

 

Quand Doom rencontre Mad Max

Rage est donc un FPS se déroulant dans un univers post-apocalyptique. Récemment, Borderlands avait déjà mis les pieds dans le plat, empruntant énormément au visuel et à l’ambiance de Mad Max mais avec un cell shading pas franchement dans le ton. Ce coup-ci, avec Rage, on est complètement dedans. La direction artistique est plus que réussie, elle démonte. Chaque lieu, aussi détruit et en ruines soit-il, est d’une beauté incroyable, disposant d’un très grand nombre de textures fort bien exploitée. On pourrait même croire qu’ils en ont fait de nouvelles à chaque fois ! En tout cas c’est magnifique, quelque soit l’endroit que l’on explore. Il n’y a qu’à voir les captures d’écran ici et là pour s’en rendre compte. De plus, techniquement le jeu s’en tire avec les honneurs. Le moteur 3D est optimisé pour les configurations moyennes -et les consoles, même si je n’ai testé Rage que sur PC, j’ai ouï dire que les versions consoles sont techniquement au top- et c’est un plaisir de pouvoir augmenter les options graphiques « à fond » sans que le PC se mette à ramer et à tousser jusqu’à ce que mort s’en suive. Seul bémol et pas des moindres en fait : sur certaines machines, les textures mettent un peu de temps à s’afficher. Cela peut engendrer de très désagréables sensations qui nuisent pas mal à l’immersion dans le jeu. Rien n’est parfait comme on dit, et le moteur de Rage n’est pas vraiment l’exception qui confirme la règle.

Un exemple de décor magnifique.

 

Une arche et un amnésique

La Terre est donc en ruines. Vous vous réveillez au début du jeu dans ce que l’on appelle une arche, une structure étudiée et enfouie pour la survie de l’humanité, où vous et vos semblables avez été cryogénisés peu avant l’impact du météore fatal qui s’écrasa sur Terre plus d’un siècle auparavant.  Sauf que vos voisins de cellule sont tous morts, et ce depuis un moment vu l’état avancé de décomposition. Enfin, ce n’est pas si grave, ce fut plus ou moins la fin du monde et vous êtes encore en vie. Il va maintenant falloir apprendre à survivre dans un monde en ruines et qui se détruit encore à petit feu depuis cent ans sans vous. Vous allez donc rapidement faire connaissance avec des mutants, des rebelles, des brigands ou encore l’Autorité. Si certains vous aideront (les gentils), d’autres n’auront que le meurtre en tête (les méchants). Il faudra vous faire un nom dans cet univers quand même bien manichéen et vous finirez par découvrir les origines et objectifs de chaque clan, pourquoi vous êtes là et votre but dans cette nouvelle vie. L’histoire n’est pas extraordinaire dans l’ensemble, ce sont vraiment les personnages et l’univers qui vont être intéressants. Que ce soit docteur Flippant ou monsieur Dément, animateur de « télé boucherie », il y a matière à apprécier les différents caractères de chaque personnage présent dans le jeu. Leur modélisation est d’ailleurs vraiment réussie et chaque nouvelle rencontre est un pur régal ! Seul le doublage français est très moyen, donc jouez y en VO si vous pouvez.

Rage propose un mini jeu de cartes sympathique.

 

Une structure de jeu pas vraiment convaincante

Bien que très linéaire, l’aventure de Rage se déroule dans un monde pseudo ouvert. Entre chaque niveau, ponctuant l’histoire ou une quête secondaire, vous pourrez aller où bon vous semble grâce à différents véhicules débloqués au préalable. Si au premier regard, le monde parait vaste, la conduite du buggy agréable et la sensation d’incarner Max à son paroxysme, on se rend vite compte qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Quelques cachettes sont disséminées ça et là et vous y trouverez des munitions et autres trucs inutiles. A part les missions, rien ne vous pousse à explorer le monde de Rage de fond en comble et c’est vraiment dommage. Donner vie à un univers aussi riche et ne pas amener la motivation au joueur pour l’explorer, c’est du gâchis. La faute aux munitions qui ne manquent jamais et aux véhicules ennemis qui apparaissent sans cesse et viennent perturber votre exploration… Et ils sont costaux les saloupiaux, surtout vers la fin du jeu. Le côté exploration n’est donc pas des plus agréables. On aurait aimé plus de contenu, plus de choses à faire et à découvrir soi-même. Tout aussi décevante, la construction du jeu est aussi moderne que mal fichue. Une ville, et des missions qui envoient dans tel ou tel lieux. On fait notre affaire et on revient récolter la récompense ou débloquer la mission suivante. Ceci est d’une lourdeur incroyable, multipliant sans cesse les allers-retours. Redondant. Rage propose heureusement un intérêt tout autre.

Un buggy en plein vol. Mais arrivera-t-il à l’endroit voulu ?

 

Id Software, Rage, BFG, FPS

Une fois la phase en buggy terminée et la destination atteinte, on prend le contrôle de notre bonhomme, à pied et en vue FPS cette fois, et c’est parti pour quelques séances de boucherie dont seul Id Software – le studio de développement, papa des FPS bourrins – à le secret. Le gameplay est classique mais jouissif. Les effets et sensations des armes sont convaincants (une petite préférence pour le shotgun) et on s’amuse très vite à déchiqueter, exploser, décapiter, trancher, démembrer, perforer ou plus simplement réduire en bouillie les ennemis. Ceux-ci ne sont pas très nombreux (sauf exception), ni très variés d’ailleurs, mais plutôt malins. Ils n’hésiteront pas à se planquer et à vous mener la vie dure tant qu’ils n’auront pas lâcher leur dernier souffle. Cependant le jeu est vraiment trop facile. Les munitions se trouvent ou s’achètent en abondance et les gadgets (shurikens géants, grenades, voitures téléguidées plastiquées) demeurent trop efficaces pour atomiser en masse les vilains. En ce qui me concerne, c’est vraiment ce point-ci que je reproche au jeu. Le challenge n’est pas assez relevé et on fini par s’ennuyer, alors que les joutes sont funs au possible ! C’est assez paradoxal, mais cela vient également du fait que l’on revisite plusieurs fois les mêmes environnements, parfois avec un cheminement à peine changé, et d’autres exactement de la même manière. Le tout dans un level-design loin d’être inspiré, c’est assez répétitif au bout d’un moment… Le savoir-faire et les compétences d’Id Software sont bien présentes sur pas mal de points essentiels, et ça me fait vraiment mal au cœur de constater de tels écueils sur Rage, que j’attendais avec impatience.

Empruntée à Bioshock, l’idée de l’électrocution en masse peut être utile.

 

Au final, je reste un peu mitigé concernant le cas Rage. Une direction artistique à tomber, un univers intéressant et blindé de références à toutes les œuvres dites post-apocalyptiques, des gunfights funs au possible où Id software ne rate pas le coche, mais des allers-retours redondants qui cassent le rythme, et une facilité déconcertante qui gâchent sans scrupule ce tableau idyllique. Cependant Rage est à faire. Il est bien au dessus des FPS du moment, genre qui pêne à convaincre en cette époque sous le signe Call of Duty et consorts… Id Software, une valeur sûre !

 

Qualités

  • Vraiment magnifique et bien optimisé
  • Direction artistique réussie
  • Bonne durée de vie
  • Gunfights jouissifs…

 

Défauts

  • … mais trop faciles !
  • Allers-retours pénibles
  • Level-design trop sommaire
  • Histoire pas très motivante

 

Note globale : 3.5/5

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4 réponses à “Rage, FPS bourrin et sauvage signé Id Software”

  1. Merci pour ton avis 🙂
    Je suis moi aussi en train de me le faire, et je partage la plupart de tes regrets. Je trouve que sur pas mal d’aspects, Rage aurait mérité mieux, un supplément d’âme qui aurait pu en faire un jeu mémorable, et pas juste un bon FPS.
    Mais je salue vraiment ID d’être sorti du classique Doom/Quake!

  2. Très bon article! Je suis en train de parcourir le jeu (sur 360, 45€ neuf avec Brink en cadeau!), et pour l’instant j’ai un avis un peu moins dur que le tien.
    Il faut dire que depuis quelques années, je privilégie les jeux assez faciles et qui me prennent par la main : mon temps de jeu n’étant plus ce qu’il était, j’ai besoin d’aller assez vite désormais. Par conséquent le schéma « suivre la flèche bleue avec le buggy, buter tout le monde, retourner au village pour activer une nouvelle mission indiquée par la flèche bleue » me convient bien car ça me permet d’avancer à vitesse grand V!

    Pour ce qui est de la technique, sur 360 aussi certaines textures s’affichent en retard (il paraît que l’installation du jeu sur DD corrige le problème), mais globalement RAGE est tout de même assez au-dessus des productions actuelles, artistiquement du moins. Et puis ça fait du bien en ces temps de conformisme vidéoludique de pouvoir massacrer autre chose que des talibans-like quelque part au Moyen-Orient!

    • Merci pour ton retour 😀
      C’est sur que RAGE te conviendra si tu aimes être guidé, mais les allers-retours ne sont pas forcément signe d’avancée à vitesse grand V. Au contraire, cela casse vraiment le rythme je trouve !
      L’essentiel, c’est que RAGE te plaise quand même 🙂

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