Après une première passe sur chaque jeu dans cet article sur la trilogie des sables du temps de Prince of Persia, nous allons maintenant passer aux choses sérieuses. Il est question dans cette partie d’analyser certains sujets qui reviennent souvent dans la trilogie. Attention, il va y avoir des spoilers et pas de balise ici, sinon il faudrait y mettre l’intégralité du texte. Bref vous êtes prévenus : des faits importants des jeux (Les sables du temps, L’âme du guerrier et Les deux royaumes) vont être dévoilés.
« Il semble que ta gorge est sèche… besoin d’un peu d’eau ? »
Tout d’abord nous allons jeter un œil sur le pouvoir de l’eau, élément majeur à tous les niveaux car il apporte protection et vie. L’eau est l’ange gardien du prince, en opposition au sable qui est assimilé à la source du mal, à la destruction. Dans le premier opus, l’eau a pour principale action de régénérer la vie du prince, voire de l’augmenter en buvant certaines sources. Mais elle est également présente lorsqu’il rejoint Farah dans le bain et où l’on assiste à cette scène de bien être absolu. Bref l’utilisation de cet élément est simple mais on reconnaît bien là son pouvoir de guérison. Mais c’est nettement plus intéressant d’analyser le rapport à l’eau dans les deux autres volets. Dans L’âme du guerrier par exemple, la première course poursuite avec le Dahaka prend fin après avoir franchi un passage sous une cascade. On le voit impuissant, derrière le rideau d’eau, assister à l’évasion du prince… avant de s’évanouir lui-même dans les ténèbres. L’eau apporte un nouvel élément de survie, par la protection d’un mal très puissant qui pourrait tuer notre héros en une seule et unique attaque et, finalement, où le pouvoir de guérison serait trop faible pour lui sauver la vie. Enfin, le dernier épisode de la trilogie met en avant la troisième vertu « spirituelle » de l’eau : la purification. En effet, le prince est possédé par les sables tu temps, ce qu’il a toujours combattu ou fui. Maintenant ils sont en lui et provoquent de temps à autre sa transformation en un être mauvais, à l’apparence et aux codes assez similaires au Dahaka. La seule manière de stopper temporairement cette métamorphose est de rencontrer un point d’eau. A ce moment là on assiste à une véritable purification de la chose noirâtre, redevant un homme pendant quelques temps. L’eau est donc un élément fort de la trilogie puisqu’à chaque épisode vient se rajouter un nouveau pouvoir, un nouveau filet de sécurité pour la chute du héros. On commence avec une simple guérison, puis vient s’y ajouter la protection de la Némésis locale, impossible à arrêter par un simple mortel et enfin, la purification d’un mal toujours plus présent, toujours plus fort.
Une aventure à deux
La dualité, base de l’entraide dans Prince of Persia, est très importante et bien mise en avant dans chaque volet. Si dans chacun des cas les duos que nous allons voir s’entraident en s’ouvrant des portes, se débloquant des accès pour permettre d’avancer, seul le premier épisode met en place des combats incluant les deux personnages. Ceux-ci sont le prince (logique), armé de son épée et ses jambes pour feinter l’ennemi, ainsi que Farah, fidèle à son arc mais à la résistance minime. Elle devra compter sur le joueur pour la protéger des hordes de monstres des sables, et ce ne sera pas chose facile ! Mais en contre partie, Farah peut débloquer des accès, en se faufilant dans un trou de souris pour activer un mécanisme situé de l’autre côté d’un mur par exemple, et ainsi ouvrir une porte au prince, ou lui dégager un accès. Pour résumer c’est un peu le Lost Vikings du pauvre, on garde le principe d’entraide, sauf que ce coup ci c’est un duo et le joueur ne contrôle qu’un seul personnage. Le tout dans un contexte linéaire et bien plus scripté que le jeu Super Nintendo, mais l’idée est là et c’est finalement très bien exploité. C’en est même dommage que toutes les bonnes idées du premier opus n’aient pas été reprises dans les suites, beaucoup plus allégées au niveau de la gestion de la dualité. En effet elles se contentent d’utiliser l’autre uniquement pour débloquer l’avancée du jeu. Finis les combats à deux ! Bref pour en revenir au second opus, on peut dissocier plusieurs duos mais un seul est honnête et se démarque du reste. Ce n’est pourtant pas évident au premier regard mais les vrai partenaires sont bien le prince et son ombre sous l’emprise du masque, le Dark Prince. Ce dernier va passer son temps à aider sa copie humaine sans que celui-ci s’en aperçoive. C’est une toute autre vision que ce à quoi on a pu assister dans le premier volet vu que là, l’aide ne sera apportée que par un des deux personnages, l’autre étant même réfractaire à tout contact amical avec cet « inconnu ». C’est avant tout une subtilité du scénario mais qui influence grandement la mise en place de la dualité. Elle a beau être en parti effacée, elle n’en reste pas moins une tâche de fond nécessaire au bon déroulement du jeu. La suite Les Deux Royaumes reprend le principe des deux premiers épisodes pour nous pondre une relation un peu bâtarde. On retrouve donc le prince et Farah (qui ne se souvient plus de sa première aventure avec notre héros) qui débloquent des passages, se vannent un peu et qui, finalement, s’apprécient de nouveau bien. On vit le même genre de truc que dans le premier épisode, les combats en moins. Cela dit le phénomène d’entraide est bien mieux mis en avant que dans L’Ame du Guerrier et trouve ici un juste équilibre. On peut aussi prendre en compte le duo prince/Dark Prince comme dans l’opus précédent mais on est loin d’y voir une quelconque entraide, c’est plus une relation du plus fort et une constante lutte pour avoir le dessus sur l’autre.
La source du Mal dans Prince of Persia
Le Dark Prince est en fait l’ennemi ultime de la trilogie, entité fabriquée par l’enchainement des évènements survenus tout au long de la série. Il représente les sables, le danger, la mort. Le sable est l’élément majeur de la destruction, en opposition à l’eau comme on a pu le voir plus haut. Tous les ennemis du prince sont transformés ou possédés par les sables. Ces derniers sont la cause des tourments de tout ce qui entoure le jeu. Le prince, le maharadjah, les rois, les royaumes et les environnements, tout est sacrifié, détruit, altéré par les sables, le passage du temps et la convoitise de son contrôle. Le prince est tourmenté. Il a modifié le cours du temps à la fin du premier épisode et, depuis, les sables le pourchassent, souhaitant l’entrainer dans les ténèbres pour sa faute. Il arrivera à déjouer le Dahaka à la fin du deuxième opus mais son contact avec les sables restera enfermé, clos, au plus profond de son être. Cela, c’est le Dark Prince. Il se révèlera peu de temps après, dans la ville de Babylone. Finalement, le prince prendra le dessus et vaincra les sables du temps dans un ultime affrontement qui est le passage final de la trilogie. Cette séquence est tout simplement excellente et repassera dans les grandes lignes de la totalité de l’aventure. Les sables ont toujours été là, et ils seront toujours là, mais le prince de Perse est à nouveau libre, tout comme son royaume.
Les femmes et le prince
Dans cette dernière partie, nous allons aborder les relations entre le prince et les femmes qu’il rencontre durant son périple. Elles ne sont pas nombreuses (en fait elles ne sont que deux à être importantes) mais chacune sera la cause de nombreux changements, autant pour le héros que pour l’univers qui l’entoure. Elles le font autant avancer qu’elles peuvent lui mettre des bâtons dans les roues ou le tourmenter. La haine, l’amour et la trahison sont des mots récurrents que l’on peut associés à ces différentes relations. Les femmes sont le point faible du prince. L’amour lui donne courage et bravoure, mais au final il devra sacrifier d’autres vies, ou même sa propre nature, pour les sauver du mal. Elles ont également un point commun, c’est leur hostilité envers le prince. Hostilité qui finira par se changer en amour, puis qui se verra bafouée par les sables, par le temps. Farah a été la première, et elle est carrément la cause de la naissance de la trilogie. Sans elle, il n’y aurait pas eu de Prince of Persia 2, et donc encore moins de 3 ! A la fin des Sables du Temps le prince remonte le temps pour la sauver des griffes du Vizir, ce qui aura pour conséquence de faire oublier à Farah toute l’aventure vécue et, ainsi, infliger une profonde blessure dans le cœur du prince. Ce choix aura aussi pour résultat d’alerter le Dahaka, gardien du temps, qui ne tardera pas à venir alimenter les tourments d’un homme déjà brisé. C’est ensuite au tour de l’Impératrice Rouge de tomber sous le charme du prince, malgré son statut d’ennemi. Il faudra attendre une victoire lors du dernier combat pour la convaincre de continuer à vivre. Elle l’écoutera, à contre cœur (ou justement, en écoutant son cœur), mais la conséquence de ce geste sera l’enchainement avec le troisième opus. En effet, lors de son arrivée à la grande Babylone, elle se fait enlevée et est la cause de la nouvelle transformation du Vizir. Bon c’est un peu tiré par les cheveux côté scénario mais on remarque une nouvelle fois que ce sont les actions du prince, guidé par l’amour, qui sont à l’origine des évènements importants de la trilogie. Ce dernier épisode est plus classique côté cœur, on y retrouve Farah, amnésique forcément, et le schéma pour la séduire est grosso modo le même -voire plus simple- que la première fois. Mais que l’on se rassure, à la fin ils vivent heureux… Enfin jusqu’aux prochaines perturbations des sables…
Et voila, on a fait le tour de cette trilogie Prince of Persia. Une série qui aura eu le mérite de révolutionner le genre, tout en apportant un background réussi ainsi que des codes bien définissables, ancrés dans chaque jeu. Ce fut très plaisant à jouer, et encore plus à raconter.
3 réponses à “Réflexions sur la trilogie Prince of Persia”
Évidemment, si j’avais une femme comme Kaileena, je serai comment dit-on, déjà, béni des dieux ? Mais bon trêve de rêverie, cet article est une excellente analyse sur la dualité sable-eau, 2 entités symboliques contraires. Une question me vient à l’esprit le non Dahaka est repris dans plusieurs jeu vidéo, comme Final Fantasy 9, un RPG que j’ai finalement apprécié à sa juste valeur, non ?
Merci pour ton retour !
Quant au Dahaka et FF9, le principe est similaire mais ce ne sont pas vraiment les mêmes causes et conséquences.
[…] je l’avais déjà abordé dans l’article sur la trilogie Prince of Persia, la première vertu de l’eau est purificatrice. Elle soigne, nettoie les plaies, apaise. […]