Sea of Stars et The Messenger

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Mon premier contact avec le studio québécois Sabotage remonte à quelques années, sur The Messenger, leur premier jeu sorti en 2018. J’avais adoré leur proposition de jeu de plateformes retro, surfant sur la vague nostalgique comme l’avait brillamment fait Shovel Knight quelques temps auparavant. The Messenger en apportait toutefois une touche singulière, à savoir une réflexion intéressante sur le medium du jeu vidéo (on spoilera un peu plus loin), mais aussi une avalanche de références, un sens du rythme fantastique, ainsi que des dialogues et des situations aussi surprenantes que drôles. Malgré toutes ses qualités, j’avais abandonné le titre au bout de quelques heures (trois sur la douzaine prévue, le jeu est d’ailleurs assez long pour son genre). Je ne me souviens plus vraiment de la raison de cet abandon, mais quelle erreur !

The Messenger est un jeu exceptionnel qui s’apprécie sur la longueur

Sea of Stars est quant à lui sorti l’année dernière, cochant à peu près toutes les cases de ce que je pourrais rechercher dans un jeu : JRPG hommage, pixel art magnifique, Yasunori Mitsuda en guest à la musique (compositeur des Chrono et des Xeno, entres autres merveilles musicales), des systèmes a priori intéressants, une histoire à rebondissements, etc. Le jeu est excellent, je l’ai terminé tout récemment, après un très bon moment en compagnie des personnages qui parsèment l’aventure. Quelques défauts, comme le système de combats parfois un peu redondant (les boss sont excellents en revanche), ou la vraie fin – heureusement excellente – qui se révèle après une quête vraiment fastidieuse, mais globalement, Sea of Stars est une réussite.

Sea of Stars est un véritable voyage !

J’ai appris par la même occasion que The Messenger et Sea of Stars partageaient le même univers, tous deux étant d’ailleurs issus du même studio, Sabotage, que l’on évoquait au début de cette chronique. Je n’ai donc pas résisté à relancé leur premier jeu, et aller au bout cette fois. Il faut bien l’avouer : The Messenger est une vraie pépite, et j’y ai effectivement trouvé quantité de liens plus ou moins directs avec Sea of Stars.

Tous deux sont des jeux « hommage », déjà, et s’inspirent autant qu’ils s’amusent des codes de leurs genres respectifs, plateformes pour The Messenger et JRPG pour Sea of Stars. Étant plus sensible – et connaisseur – du genre RPG, Sea of Stars m’a davantage interpellé que son prédécesseur, mais dans les deux cas, le travail et l’équilibre entre nostalgie et modernité est remarquable. Ce sont parfois de simples détails, comme un son, une posture, une mélodie, et d’autres fois les références se montrent directes, sans ambages. Pour autant, on reste toujours dans l’hommage, hyper respectueux et jamais raté ni à côté de la plaque. Sea of Stars est, entre autres, une véritable lettre d’amour à Chrono Trigger. Il en reprend certains traits sans toutefois laisser de côté sa propre nature. Un équilibre subtil et vraiment convaincant. En tant que grand amateur de RPG de l’époque 16 bits, je ne peux qu’applaudir cette approche, cette ligne directrice et créatrice !

Sous l’eau, même posture beaucoup trop large pour les sprites de The Messenger et TMNT sur Nes

Pour The Messenger, le sentiment est également présent, mais je trouve qu’il se détache un peu plus que Sea of Stars de ce côté hommage et nostalgie, car il cultive vraiment un ton particulier, bien loin des jeux plus terre à terre de l’époque 8 et 16 bits dont il s’inspire. Le scénario de The Messenger est d’ailleurs exceptionnel, jouant autant sur les mots que les boucles temporelles, brisant souvent le quatrième mur et lorgnant parfois sur des thématiques philosophiques inattendues (les savoureuses morales des histoires du boutiquier !). Vraiment, c’est génial. Sea of Stars est bien plus sage, davantage premier degré. Son histoire demeure en revanche pleine de surprises et de rebondissements, mais le ton, parfois aussi désinvolte que pertinent de The Messenger, manque un peu, à mon sens, sur le RPG du studio Sabotage.

Attention, spoilers à suivre sur The Messenger et Sea of Stars !

Outre les ambitions des deux jeux, ils partagent surtout un lien direct : ils se déroulent dans le même univers. Cela était annoncé dès le Kickstarter de Sea of Stars, Thierry Boulanger, président et directeur créatif du studio, en parlait sur le site jeu.video. Leur prochain jeu serait ainsi une préquelle de The Messenger. Effectivement, Sea of Stars se déroule bien avant son prédécesseur ! L’un des « continents », l’île Mesa, n’est autre que l’environnement de The Messenger. Si déjà ce dernier nous faisait parcourir les niveaux en mode 8 et 16 bits, jouant sur une période de 500 ans de décalage, Sea of Stars en propose une troisième version, antérieure dans le temps. On retrouve donc les mêmes niveaux, avec des designs différents qui marquent l’ère séparant les deux histoires, et des musiques remixées pour l’occasion. KamenRinderRonin, un utilisateur de Reddit s’est amusé, images des jeux à l’appui, à référencer tous les éléments communs à Sea of Stars et The Messenger. Les histoires restent cependant différentes, ce qui les rend – heureusement – indépendantes. Les joueurs peuvent ainsi découvrir les jeux dans n’importe quel ordre, et noteront sans mal les références d’un côté comme de l’autre. Encore une bonne idée de narration !

Ceux qui ont terminé Sea of Stars comprendront

Enfin, The Messenger et Sea of Stars partagent quelques thématiques similaires, comme les mondes et lignes temporelles multiples, ou encore tout ce qui tourne autour des prophéties. Sea of Stars en joue d’ailleurs, et les multiplie au fil de l’aventure là où The Messenger fait de LA prophétie toute la base de son récit ! Les deux titres partagent aussi des gimmicks plus originaux, comme les phases de shoot (??), que ce soit à dos de dragon dans The Messenger, ou face au « boss » final de Sea of Stars – un hommage incroyable à Final Fantasy VI au passage.

Si vous souhaitez vous immerger dans les multiples interprétations des joueurs, voici deux autres liens intéressants :


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