Dans l’optique de parcourir très prochainement les pavés ensanglantés de Bloodborne, la Playstation 4 fut mienne il y a de ça quelques jours. J’ai en effet profité d’une petite promotion, incluant par ailleurs le jeu The Order 1886 dans le pack de la console. N’ayant que peu d’attrait pour le genre TPS, souvenez-vous de mes mauvaises expériences sur Uncharted ou Tomb Raider, je m’attendais au pire quant à cette récente production du genre, signée Ready At Dawn Studios. Néanmoins, j’étais prêt à passer quelques heures à observer les nouvelles caractéristiques techniques de la PS4, tout en dézinguant les ennemis virtuels qui se pointeraient dans mon viseur. Cela tombe bien, c’est exactement ce que The Order 1886 propose !
Nous avons donc affaire ici à une sorte de film interactif, à base d’apparitions de QTE assez simples au final, ponctué de phases de shoot bêtes et méchantes. En revanche, le dosage de chaque élément parait suffisamment équilibré pour être agréable. Quelques cinématiques à rallonge certes, mais des vagues d’ennemis jamais trop longues, ni des checkpoints trop espacés. L’avancée reste fluide, jusqu’à la conclusion du jeu qui arrive malheureusement beaucoup trop vite, au détour d’une poignée d’heures. Actuellement, il faut avouer que la minute jouée dans The Order 1886 coûte cher. Ainsi, je vous conseillerais d’attendre une baisse de prix significative, disons entre 20 et 30 euros.
Sur le fond, tout n’est pas rose non plus. Le prologue est d’une lourdeur sans nom, et se paye même le luxe de « spoiler » franchement la suite de l’histoire, vu que cette scène d’introduction se déroule chronologiquement après les véritables premiers évènements du jeu. Un comble, même si ce procédé narratif est de plus en plus utilisé dans les films ou séries, il est dans The Order 1886 tellement peu subtil que la question « pourquoi le héros en est-il là ? » trouve une réponse évidente bien avant l’heure fatidique du retournement de situation… En résulte un gros loupé de la part des concepteurs, sur ce coup-là. Autrement, certaines séquences, au scénario assez classique, apparaissent très bien traitées. Des cas vus et revus ici et ailleurs, mais qui possèdent pourtant une certaine prestance dans le jeu. Finalement, c’est bien pour cela que l’on continue l’aventure, parce qu’une fois passé l’immonde prologue, l’histoire s’avère prenante et les situations s’enchainent à un rythme parfaitement maitrisé. Côté univers par contre, tout est survolé. Que ce soit le Londres victorien, l’influence Steampunk, l’ambiance des quartiers populaires de Whitechapel et la légende Jack l’éventreur, ou encore le concept des Chevaliers de la Table Ronde. Les quelques indices, sonores ou visuels, trouvés dans les recoins du décor ne creusent jamais rien, et restent inutilement en surface. N’est pas Bioshock qui veut. Il reste cependant quelques points intéressants, que je ne voudrais spoiler ici, mais avec un peu plus d’écriture, il y aurait eu matière à pondre un très bon background.
Concernant la forme, je pense que c’est ce qui se fait de meilleur actuellement sur la PS4. C’est juste magnifique. Les jeux de lumière se montrent superbement travaillés, affichant beaucoup de contrastes, dans un clair-obscur saisissant. Le jeu se déroulant la plupart du temps la nuit, je regrette tout de même quelques séquences supplémentaires de jour. Séquences qui affichent un panel de détails assez hallucinant, notamment une reconstitution de Londres véritablement bluffante. A noter qu’étant joueur PC, les hautes résolutions ne m’impressionnent pas plus que ça, j’y suis habitué. En revanche, le détail des visages des différents personnages, ainsi que l’animation générale de tout ce beau monde, naturelle et sans heurt, m’ont pas mal estomaqué. Tout est perpétuellement en mouvement, les habits, les cheveux, les oiseaux qui passent dans le ciel, les poussières en suspension, les lumières différentes qui se reflètent à chaque angle de caméra. La mise en scène joue aussi pas mal sur la profondeur de champ et les effets de flou. Parfois, c’est raté, mais globalement ça en jette. Par contre, carton rouge aux bandes noires qui entourent l’écran. Quel intérêt à part réduire le champ de vision ? Bref, à part cet envahissant désagrément, c’est du tout bon. De plus, le visuel est porté par une forte identité sonore. A l’image d’Arcanum, un monument du style Steampunk, les violons tristes accompagnent les péripéties du héros The Order 1886. Les musiques se montrent vraiment réussies et arrivent même à rendre des scènes plutôt basiques en bons moments. Je pense notamment au final, simple mais efficace, et surtout transcendé par une composition au top ! Quant aux bruitages, tout est également millimétré, et tout rend super bien avec n’importe quel home cinéma. Restent les doublages, ni mauvais ni convaincants pour la version française. Le boulot est fait, ni plus ni moins.
Comme tout bon film de divertissement qui se respecte, The Order 1886 fait passer à son spectateur un bon moment, lui proposant de temps en temps de tapoter sur des boutons pour faire avancer l’histoire. L’inconvénient, c’est que si une place de cinéma coûte déjà cher, le jeu / film qui nous intéresse aujourd’hui est carrément hors de prix pour ce qu’il propose, pop-corn non inclus. Au tiers du prix en revanche, l’expérience se tente !
2 réponses à “The Order 1886 – une toile à 70 balles”
Est ce qu’au final, c’est un jeu qui marquera encore tes souvenirs d’ici 3 à 4 ans ou bien il sera oublié d’ici la fin de l’année ?
La question est « l’univers et les environnements sont ils assez marquants pour être vraiment mémorables? »
Il y a une scène que j’ai trouvé vraiment excellente dans le jeu. Le reste est ultra classique, bien que correctement traité, comme je l’indiquais dans la chronique.
Après, il est certain que plus personne ne s’en souviendra d’ici quelques semaines, jusqu’à l’annonce d’une suite qui ne saurait tardé. Que l’on soit d’accord, c’est du jeu pop corn et complètement oubliable. En revanche, le temps passé dessus reste agréable. Bref, tu l’achètes 30 euros et tu le revends 25. Voila ce que c’est The Order 1886 !